La Chine s’apprête à vivre une révolution démographique inattendue. D’ici 2030, les chats et les chiens pourraient bien supplanter les bambins dans les foyers du pays le plus peuplé du monde. Ce basculement, déjà observé au Japon, soulève de nombreuses questions sur l’évolution des mentalités et l’avenir de la société chinoise. Plongée dans un phénomène qui bouscule les traditions et redéfinit la notion de famille en Chine.

Résumé :

  • D’ici 2030, la Chine devrait compter 70 millions d’animaux de compagnie contre seulement 40 millions d’enfants
  • Cette tendance reflète une réticence croissante des jeunes Chinois à fonder une famille traditionnelle
  • Le phénomène est déjà observé dans d’autres pays asiatiques comme le Japon et la Corée du Sud
  • Le marché des produits pour animaux de compagnie en Chine connaît une croissance fulgurante

La Chine, pays aux traditions millénaires, fait face à un bouleversement sociétal sans précédent. Selon un rapport récent de la banque d’investissement Goldman Sachs, le nombre d’animaux de compagnie pourrait bientôt dépasser celui des jeunes enfants dans l’Empire du Milieu. Cette prévision, qui peut sembler surprenante au premier abord, s’inscrit dans une tendance déjà observée dans d’autres pays asiatiques et reflète des changements profonds dans la société chinoise.

Ce phénomène marque un contraste saisissant avec la situation observée il y a à peine quelques années. En 2017, les zones urbaines chinoises comptaient environ 90 millions d’enfants de moins de quatre ans, contre seulement 40 millions d’animaux de compagnie. Comment expliquer un tel renversement en si peu de temps ? Quelles sont les implications de cette évolution pour l’avenir de la Chine ?

Les raisons de cette évolution démographique

La Chine, autrefois connue pour sa politique de l’enfant unique, fait désormais face à un défi démographique d’un tout autre ordre. La baisse de la natalité, devenue une préoccupation majeure pour les autorités, s’explique par plusieurs facteurs.

Tout d’abord, on observe une diminution de la population de femmes âgées de 20 à 35 ans, tranche d’âge traditionnellement associée à la maternité. Mais au-delà de cette réalité démographique, c’est surtout un changement profond des mentalités qui se dessine.

La jeune génération chinoise semble en effet de moins en moins encline à avoir des enfants. Les raisons sont multiples : coût de la vie élevé dans les grandes villes, pression professionnelle intense, désir d’épanouissement personnel… Autant de facteurs qui poussent de nombreux jeunes à repousser, voire à renoncer à l’idée de fonder une famille.

Dans ce contexte, les animaux de compagnie apparaissent comme une alternative séduisante. Ils offrent compagnie et affection sans les responsabilités à long terme et les coûts associés à l’éducation d’un enfant.

 

Le profil des propriétaires d’animaux de compagnie en Chine

Cette tendance à la « petrification » de la société chinoise est particulièrement marquée chez les jeunes adultes. Selon un rapport de la China Pet Industry publié en 2023, la moitié des propriétaires d’animaux de compagnie en Chine sont âgés de 23 à 33 ans.

Ce chiffre prend tout son sens lorsqu’on le met en perspective avec d’autres données démographiques. En effet, plus de la moitié de la population chinoise âgée de 25 à 29 ans est célibataire, et les « mariages tardifs » deviennent de plus en plus fréquents dans le pays.

Ces jeunes adultes, souvent issus de la génération des enfants uniques, voient dans les animaux de compagnie une façon de combler un besoin affectif sans pour autant s’engager dans une relation de couple ou dans la parentalité. Les chats, en particulier, gagnent en popularité car ils nécessitent moins d’espace et s’adaptent mieux à la vie en appartement dans les grandes métropoles chinoises.

Les conséquences économiques de ce phénomène

L’essor des animaux de compagnie en Chine ne se limite pas à un simple phénomène social. De plus, il a également des répercussions économiques considérables. Le marché des produits pour animaux de compagnie connaît une croissance fulgurante, reflétant l’importance croissante accordée à ces nouveaux membres de la famille.

D’après les projections, le marché chinois des aliments pour animaux de compagnie devrait atteindre la somme colossale de 12 milliards de dollars d’ici 2030. Cette croissance s’accompagne du développement de toute une industrie : accessoires, soins vétérinaires, services de garde… Les entreprises chinoises, mais aussi les multinationales, se positionnent pour profiter de cette manne.

Cette tendance n’est pas unique à la Chine. Au Japon, on comptait déjà en 2022 près de 20 millions d’animaux de compagnie, soit quatre fois plus que d’enfants de moins de quatre ans. En Corée du Sud, autre pays asiatique confronté à une baisse de la natalité, les ventes de poussettes pour animaux ont même dépassé celles destinées aux bébés en 2023.

Les implications sociétales de cette tendance

Au-delà des chiffres, c’est toute la structure de la société chinoise qui se trouve bouleversée par ce phénomène. La famille traditionnelle, pilier de la société chinoise depuis des millénaires, se voit remise en question.

Les jeunes adultes chinois, confrontés à une pression sociale et économique intense, semblent redéfinir leurs priorités. En effet, l’épanouissement personnel, la carrière, et les loisirs prennent souvent le pas sur le désir de fonder une famille.

Cette évolution soulève néanmoins des questions cruciales pour l’avenir de la Chine. Comment maintenir l’équilibre démographique dans un pays où les animaux de compagnie pourraient bientôt être plus nombreux que les enfants ? Quelles seront les conséquences à long terme sur le système de retraites, déjà mis à mal par le vieillissement de la population ?

« Quelles sont les principales espèces d’animaux de compagnie dans notre pays ? »

Inscrivez vous pour recevoir nos infos!