Ils sont l’élite méconnue de nos forêts varoises. Ces maîtres-chiens d’exception traquent les animaux blessés pour éviter les drames. Une mission cruciale assurée par seulement une poignée de passionnés, dont les méthodes et le dévouement forcent l’admiration.
Résumé :
- Ces conducteurs de chiens de sang sont seulement 10 dans tout le département
- Leur mission : retrouver les animaux blessés lors des chasses ou des accidents
- Ils utilisent une race de chien très spéciale : le Rouge de Bavière
- Leur formation est rigoureuse et leur engagement totalement bénévole
Dans les vastes étendues forestières du Var, une poignée d’hommes et leurs fidèles compagnons à quatre pattes accomplissent une mission aussi délicate qu’essentielle. Ces conducteurs de chiens de sang, comme on les appelle, sont les derniers recours lorsqu’un animal sauvage est blessé, que ce soit lors d’une partie de chasse ou suite à une collision routière. À l’heure où la sécurité en forêt et le respect de la faune sauvage sont des enjeux majeurs, leur travail prend une dimension toute particulière. Pourtant, ils ne sont qu’une dizaine dans le département à exercer cette activité qui demande un engagement total.
Les missions essentielles des conducteurs de chiens de sang
Dans le massif du Haut-Var, Antoine Zinini fait partie de cette élite. Membre de l’Union Nationale pour l’Utilisation de Chiens de Rouge (UNUCR), il intervient dans des situations très diverses. « Ce chien est un Rouge de Bavière, uniquement utilisé pour cette mission, il n’y a que les conducteurs de chiens de sang qui ont cette race, vous n’en trouverez pas comme animaux de compagnie », explique-t-il en présentant son fidèle compagnon.
La première mission de ces duos homme-chien est d’intervenir lors des battues de chasse. Lorsqu’un animal est blessé mais parvient à s’enfuir, leur expertise devient indispensable. L’éthique de la chasse exige en effet qu’un animal blessé soit retrouvé, pour lui éviter une longue agonie. Cette responsabilité morale est au cœur de leur engagement.
Les forces de l’ordre et les compagnies d’assurance font régulièrement appel à leurs services. Après un accident de la route impliquant un animal sauvage, leur intervention permet d’identifier précisément l’animal concerné et de le retrouver s’il s’est enfui blessé. Ce travail de détective s’avère également précieux dans la lutte contre le braconnage, où leurs compétences permettent de remonter des pistes que d’autres ne sauraient déceler.
Les coulisses d’un métier exigeant
Le Rouge de Bavière, ce chien au flair exceptionnel, est la pierre angulaire de cette activité. Grâce à un entraînement rigoureux, il développe des capacités stupéfiantes. Dès l’âge de 13 mois, il commence à suivre des pistes sur plus d’un kilomètre. Plus impressionnant encore, il peut retrouver la trace d’un animal jusqu’à 72 heures après son passage, une performance qui témoigne de ses aptitudes extraordinaires.
L’entraînement est quotidien et méticuleux. À Aiguines, nous avons pu observer les méthodes utilisées pour former ces chiens d’exception. Des sabots spéciaux sont utilisés pour disperser l’empreinte et l’odeur du sanglier, créant ainsi des conditions d’entraînement proches de la réalité. Cette rigueur dans la formation est indispensable pour maintenir l’excellence de ces équipes.
Mais avant de pouvoir exercer, les conducteurs doivent suivre un parcours de formation exigeant. Permis de chasse en poche, ils doivent d’abord suivre un stage reconnu par l’UNUCR. La formation ne s’arrête pas là : théorie, pratique, parrainage et éducation d’un chiot sont au programme. Enfin, une épreuve de recherche vient valider ces acquis.
Un service encadré et en développement
La préfecture joue un rôle central dans l’organisation de ce service. Chaque année, elle publie la liste officielle des conducteurs agréés, permettant aux différents acteurs (chasseurs, forces de l’ordre, assureurs) de faire appel à eux en cas de besoin. Cette activité, bien que moins répandue dans le sud que dans le nord de la France, est en développement dans le Var.
Une lueur d’espoir est apparue en 2023 avec l’arrivée de deux nouveaux stagiaires, prêts à rejoindre les rangs de ces passionnés. Cette relève est essentielle pour assurer la pérennité de ce service indispensable. Antoine Zinini, lui, élève déjà son deuxième chiot, preuve de son engagement durable dans cette mission. Car s’il y a bien une chose qui caractérise ces conducteurs, c’est leur dévouement : malgré le temps considérable consacré aux entraînements et aux interventions, leur activité reste entièrement bénévole.
Dans un monde où la cohabitation entre l’homme et la faune sauvage devient un enjeu croissant, les conducteurs de chiens de sang jouent un rôle crucial mais trop souvent méconnu. Leur engagement bénévole et leur expertise unique en font les gardiens silencieux de nos forêts varoises. Alors que le département ne compte qu’une dizaine de ces spécialistes, l’arrivée de nouveaux stagiaires est un signe encourageant pour l’avenir. Car plus que jamais, nous avons besoin de ces hommes et de leurs fidèles compagnons pour assurer la sécurité de nos espaces naturels et le respect de la faune sauvage. Leur travail nous rappelle que la préservation de notre environnement passe aussi par des actions concrètes et un engagement sans faille sur le terrain.