À Bourgoin-Jallieu, une habitante poursuit ses voisins devant les tribunaux à cause des nuisances sonores de leur coq Ricco. Cette affaire ravive le débat sur la cohabitation en zone péri-urbaine et enflamme les réseaux sociaux.
Résumé :
- Une plainte déposée contre le chant d’un coq dans l’Isère
- La question centrale de la définition du territoire : rural ou urbain ?
- Des propriétaires qui ont mis en place des mesures concrètes
- Un soutien massif de la population sur les réseaux sociaux pour le coq Ricco
- Une médiation qui a déjà échoué avant la procédure judiciaire
Après les affaires du coq Maurice sur l’île d’Oléron et de la grenouillère de Grignols en Dordogne, c’est au tour de Ricco, un coq de Bourgoin-Jallieu, de se retrouver au cœur d’une bataille juridique. Cette nouvelle affaire relance le débat sur la préservation des sons et odeurs de la campagne face aux exigences de certains nouveaux habitants.
Cette histoire, qui pourrait sembler anecdotique, soulève pourtant des questions fondamentales sur notre façon de vivre ensemble et notre rapport aux traditions rurales à l’heure de l’urbanisation galopante.
Une cohabitation impossible
La situation s’est envenimée dans ce quartier apparemment paisible de Bourgoin-Jallieu. D’un côté, une nouvelle habitante, installée depuis trois ans, qui affirme ne plus supporter les nuisances sonores provoquées par le chant du coq. Selon elle, impossible de profiter de son jardin ou même de dormir sereinement. De l’autre, un couple installé depuis un quart de siècle, qui défend son mode de vie et son animal.
Face à l’impossibilité de trouver un terrain d’entente, la plaignante a d’abord tenté une médiation via la mairie. Cette démarche s’étant soldée par un échec, elle a décidé de porter l’affaire devant la justice, cristallisant les tensions dans le voisinage.
Des mesures déjà en place
Les propriétaires de Ricco ne sont pourtant pas restés les bras croisés face aux plaintes de leur voisine. Ils ont mis en place un système sophistiqué pour limiter les nuisances sonores : un dispositif automatique gère les horaires du poulailler, fermant ses portes à 20 heures et ne les rouvrant qu’à 8h30 en hiver et 9 heures en été.
Selon leurs déclarations, le coq ne chanterait qu’une quinzaine de fois en un quart d’heure au petit matin, puis quelques fois dans la journée. Des chiffres bien éloignés des accusations de nuisances permanentes avancées par la plaignante.
Un débat juridique complexe
Au cœur de cette affaire se trouve une question cruciale : le quartier Boussieu de Bourgoin-Jallieu est-il en zone rurale ou urbaine ? La réponse déterminera l’application de la loi du 29 janvier 2021 sur la protection du patrimoine sensoriel des campagnes françaises.
Pour les propriétaires du coq, la réponse est évidente. Installés ici depuis 25 ans, ils rappellent qu’à leur arrivée, le quartier abritait une ferme avec sa basse-cour, des chevaux et des vaches. « Nous sommes à deux pas de la forêt, c’est un milieu qui a toujours été rural« , affirment-ils. Un point de vue que conteste fermement leur voisine, qui considère vivre en zone urbaine.
Une mobilisation nationale
L’affaire Ricco a rapidement dépassé les frontières de l’Isère pour devenir un symbole national. Sur les réseaux sociaux, une page Facebook dédiée au coq a vu le jour, rassemblant de nombreux soutiens. Les internautes, exaspérés par cette situation, n’hésitent pas à exprimer leur indignation, certains allant jusqu’à suggérer à la plaignante de déménager.
Cette mobilisation massive illustre la sensibilité des Français à ces questions de cohabitation entre modes de vie ruraux et urbains. Pour beaucoup, ces poursuites judiciaires sont symptomatiques d’une société qui perd ses repères, comme en témoignent les nombreux commentaires affirmant que « le monde devient vraiment fou« .