Après un siècle d’absence, le loup fait son come-back en Bretagne, bouleversant l’équilibre établi et suscitant des réactions contrastées. Découvrez comment cette espèce emblématique redessine le paysage breton et les défis qu’elle pose.

Résumé :

  • Le loup a été filmé pour la première fois en Bretagne en mai 2022
  • 3 à 4 loups différents ont été identifiés dans la région
  • Le loup bénéficie d’une protection stricte en Europe
  • 29 attaques de troupeaux ont été recensées depuis le début de l’année
  • La cohabitation entre l’homme et le loup soulève de nombreux débats

La Bretagne, terre de légendes et de nature sauvage, accueille à nouveau un visiteur inattendu : le loup. Après avoir disparu de la région il y a plus d’un siècle, ce prédateur fait son grand retour, suscitant à la fois émerveillement et appréhension. Ce phénomène soulève de nombreuses questions sur l’équilibre écologique, la protection des troupeaux et notre capacité à cohabiter avec la faune sauvage.

Le retour inattendu du loup en Bretagne

En mai 2022, les caméras ont capturé pour la première fois des images d’un loup sur le sol breton. Cette découverte a marqué le début d’une nouvelle ère pour la région. Alain Jean, vétérinaire retraité et membre du Groupe Loup Bretagne (GLB), affirme : « Le loup fait déjà partie de la faune bretonne, après cent ans d’absence. »

Le GLB a joué un rôle crucial dans la documentation de ce retour. En analysant 28 séquences vidéo et 105 photos capturées entre mai 2022 et août 2024, les experts ont pu distinguer entre trois et quatre loups différents. Cette méthode d’identification est basée sur les caractéristiques physiques uniques de chaque animal.

@letelegramme 🐺Un loup a été une nouvelle fois appercu en Bretagne. Samedi 7 janvier, alors qu’ils circulaient en voiture à Ploubezre (22), Céline et son fils Paul ont surpris un animal à l’allure typique d’un loup. Vérification faite, il s’agit bien d’un canis lupus, confirme l’OFB. Plus d’infos dans notre article en bio. 🎥 Jérôme Bouin, Jérôme Gallo Crédit images loup : Paul Allain #loup #cotesdarmor #loups #bretagne #faune #ploubezre #lannion #ofb #biodiversité #wolf #annimeaux #foret ♬ Suspense, horror, piano and music box – takaya

L’expansion du loup en Bretagne s’est révélée plus rapide et étendue que prévu. Des observations ont été enregistrées sur au moins 21 sites différents, allant des zones rurales jusqu’aux abords de grandes villes comme Brest. François de Beaulieu, ethnologue et auteur de « Le loup en Bretagne hier et aujourd’hui », explique : « C’est un animal très plastique qui s’adapte facilement à tous les milieux. »

L’Office français de la biodiversité (OFB) a officiellement reconnu la présence de deux loups en Bretagne depuis 2022. Malheureusement, l’un d’eux est décédé dans un accident de la route en février 2024, soulignant les dangers auxquels sont confrontés ces animaux dans un paysage dominé par l’homme.

Ce retour du loup en Bretagne s’inscrit dans un mouvement plus large de recolonisation observé à travers l’Europe. Le loup repéré en Bretagne aurait ainsi traversé près de 1 300 kilomètres avant d’atteindre la péninsule armoricaine, démontrant l’incroyable capacité de dispersion de l’espèce.

Un animal protégé mais controversé

Le retour du loup en Bretagne s’inscrit dans un contexte juridique particulier. Le loup bénéficie d’une protection stricte en Europe, garantie par la Convention de Berne. Cette protection a joué un rôle crucial dans la réapparition du prédateur dans des régions où il avait disparu.

Historiquement, la Bretagne abritait une population importante de loups. François de Beaulieu rappelle qu’à la fin du XVIIIe siècle, on estimait leur nombre à environ 500 dans la région. Cependant, la chasse intensive, l’empoisonnement et la destruction de leur habitat ont conduit à leur disparition au début du XXe siècle. Le dernier loup breton aurait été abattu en 1913.

Malgré son statut protégé, le retour du loup ne fait pas l’unanimité. En automne 2023, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a plaidé pour une modification du statut de protection du loup, évoquant le « véritable danger » que représenteraient les meutes grandissantes pour certaines communautés rurales.

L’impact du loup sur l’écosystème breton

Le retour du loup en Bretagne démontre sa remarquable capacité d’adaptation. Il a été observé dans des milieux aussi divers que les forêts intérieures, les landes côtières et même à proximité de zones urbaines. Cette adaptabilité pose de nouveaux défis pour la gestion de la faune sauvage.

@france3bretagneComment les observateurs ont pu identifiers 4 loups en Bretagne ? Un vétérinaire passionné a mis au point une méthode inédite basée sur onobservation des chevaux pour identifier les loups.♬ son original – france3bretagne

L’arrivée du loup a potentiellement des répercussions importantes sur l’écosystème local. En tant que prédateur apex, le loup peut influencer les populations d’autres espèces, notamment les cervidés et les sangliers. Cette influence peut avoir des effets en cascade sur la végétation et d’autres espèces animales. Cependant, l’impact précis du loup sur la faune bretonne reste à étudier.

Les défis de la cohabitation homme-loup

Le retour du loup en Bretagne ne se fait pas sans heurts. Sébastien Abgrall, président de la Coordination rurale du Finistère, rapporte le cas d’un éleveur ayant subi « cinq prédations en quelques mois ». Ces attaques soulèvent des inquiétudes légitimes au sein de la communauté agricole.

« Ce n’est plus tenable ! Je sens la colère monter dans certains secteurs », affirme le syndicaliste agricole. Cette frustration est compréhensible, car les éleveurs se retrouvent confrontés à une menace qu’ils n’avaient pas eu à gérer depuis des générations.

Face à ces défis, les autorités ont mis en place des mesures de protection et d’indemnisation. Depuis le début de l’année, la préfecture a répertorié 29 attaques imputables au loup dans le département du Finistère. Jean-Alain Divanac’h, du syndicat agricole FNSEA, demande « une réactivité plus grande de l’administration pour éviter toute contestation en cas d’attaques de troupeaux ».

Cependant, il est important de noter que la situation n’est pas uniformément tendue. Comme le fait remarquer M. Divanac’h, « les éleveurs du Finistère, pour la plupart d’entre eux, ne se lèvent pas le matin en pensant au loup ». Il souligne que d’autres problèmes, tels que les épizooties ou les dégâts causés par le chouca des tours, sont actuellement plus préoccupants pour de nombreux agriculteurs.

Vers un nouvel équilibre en Bretagne

Face au retour du loup, la Bretagne se trouve à un tournant. Les acteurs locaux, des éleveurs aux autorités en passant par les associations de protection de la nature, doivent travailler ensemble pour trouver un équilibre durable. Des initiatives de sensibilisation et de formation sont mises en place pour aider les éleveurs à protéger leurs troupeaux tout en respectant la présence du loup.

Le Groupe Loup Bretagne joue un rôle crucial dans ce processus d’adaptation. En documentant la présence du loup et en partageant ces informations, ils contribuent à une meilleure compréhension de la situation. Cette connaissance est essentielle pour élaborer des stratégies de cohabitation efficaces et adaptées au contexte local.

L’avenir du loup en Bretagne reste incertain, mais prometteur. Si la tendance actuelle se poursuit, il est probable que la population de loups continue de croître et de s’établir durablement dans la région. Cela pourrait avoir des implications positives pour la biodiversité, en rétablissant un équilibre naturel dans les écosystèmes bretons.

Cependant, cette perspective soulève également des défis. Comment concilier la présence du loup avec les activités humaines, notamment l’élevage ? La réponse à cette question nécessitera un dialogue continu entre toutes les parties prenantes, ainsi qu’une volonté commune de trouver des solutions innovantes.

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