Alerte sanitaire : la « langue bleue » frappe de nouveau l’Europe ! Ce virus mystérieux décime les troupeaux et ruine les éleveurs. Découvrez l’histoire choquante derrière cette épidémie silencieuse qui menace de vider nos assiettes et de faire flamber les prix de la viande et du lait.

Résumé :

  • La fièvre catarrhale ovine, ou « langue bleue », frappe de nouveau l’Europe
  • Des milliers de cas recensés aux Pays-Bas, en Allemagne et en Belgique
  • Un éleveur néerlandais témoigne de la perte de 80 bêtes en un an
  • La vaccination réduit la mortalité mais n’empêche pas la maladie
  • Impact économique majeur sur les éleveurs, sans compensation gouvernementale

Alors que l’Europe pensait avoir tourné la page de la fièvre catarrhale ovine, surnommée « langue bleue », cette maladie virale fait un retour fracassant dans les élevages du continent. Des Pays-Bas à la France, en passant par l’Allemagne et la Belgique, les troupeaux sont décimés et les éleveurs se retrouvent désemparés face à ce fléau qui menace leur activité. Plongeons au cœur de cette crise sanitaire qui ébranle le monde agricole et soulève de nombreuses questions sur l’avenir de l’élevage européen.

Un cauchemar qui se répète

Erik van Norel, éleveur néerlandais de 41 ans, pensait en avoir fini avec la fièvre catarrhale ovine après avoir vacciné l’ensemble de son troupeau. Pourtant, il assiste aujourd’hui, impuissant, au retour du virus dans sa ferme. « La situation était désespérée, il n’y avait rien à faire », se remémore-t-il, évoquant l’apparition du nouveau sérotype 3 du virus en septembre 2023.

Cette année-là, van Norel a perdu 80 bêtes, soit 75% de ses moutons malades. Certains mouraient en l’espace de 12 heures, le forçant à évacuer quotidiennement des animaux souffrants avec son quad, du pré vers l’étable. Un spectacle déchirant qui se répète aujourd’hui, bien que dans une moindre mesure grâce à la vaccination.

Une maladie aux multiples visages

La fièvre catarrhale ovine, transmise par un moucheron, ne se limite pas aux ovins. Elle touche également les bovins, les chèvres et d’autres ruminants. Ses symptômes sont aussi variés que cruels : fièvre, troubles respiratoires, langue pendante – d’où son surnom de « langue bleue » – bave excessive, boiterie, et parfois même incapacité totale à se déplacer.

« Sa bouche est très sensible, on voit qu’elle mange à peine et qu’elle devient très maigre, elle bave beaucoup, elle a également eu de la diarrhée », décrit van Norel en observant l’une de ses brebis malades. Plus tragique encore, la maladie peut entraîner la perte des petits lors de la gestation, anéantissant tout espoir de renouvellement du cheptel.

Une épidémie qui s’emballe

La situation aux Pays-Bas est alarmante, avec 6 384 foyers recensés et une augmentation de près de 1 000 cas en une seule semaine. Mais ces chiffres pourraient bien être en deçà de la réalité, comme le souligne le principal syndicat agricole du pays, le LTO. Face à l’explosion des cas, de nombreux éleveurs ne font plus de prélèvements sanguins pour tous les animaux malades.

Le mal ne connaît pas de frontières. L’Allemagne recense des milliers de cas, tandis que la Belgique en dénombre plus d’un millier. La France n’est pas épargnée, avec 190 foyers confirmés au 22 août, soit un quadruplement en à peine huit jours. Une progression fulgurante qui laisse présager le pire pour les semaines à venir.

La vaccination : une solution imparfaite

Face à cette menace, la vaccination apparaît comme l’arme ultime. Le gouvernement néerlandais a d’ailleurs accéléré l’autorisation de trois vaccins pour qu’ils soient disponibles avant la recrudescence estivale des moucherons. Cependant, si la vaccination réduit considérablement la mortalité, elle n’empêche pas la contamination.

Dans l’élevage de van Norel, le taux de mortalité chez les animaux touchés est passé de 75% l’an dernier à 10% cette année. Une amélioration notable, certes, mais qui ne résout pas tous les problèmes. Certaines bêtes, bien que guéries, souffrent de complications. Des inflammations dans les jambes les empêchent de marcher, voire même de se lever. « Pour le respect des bêtes », explique van Norel, celles dont la situation ne s’améliorera pas suffisamment seront euthanasiées.

Un lourd tribut économique

Au-delà du drame sanitaire, c’est toute l’économie de l’élevage qui est menacée. Van Norel estime avoir perdu « des dizaines de milliers d’euros » l’an dernier. Et il n’est pas le seul. Heleen Prinsen, spécialiste de la santé et du bien-être animal au LTO, souligne : « Le gouvernement a fait son travail avec les vaccins mais compte tenu de l’impact social sur les éleveurs de moutons et de producteurs laitiers, nous aimerions que le ministère fasse davantage ».

En effet, tout, du coût de vaccination à l’achat de médicaments en passant par le défraiement du vétérinaire, reste à la charge des éleveurs. Une situation d’autant plus frustrante que dans d’autres pays européens comme l’Allemagne, la France ou le Danemark, les éleveurs reçoivent une compensation pour les vaccins.

Un appel à l’action européenne

Face à cette crise, le LTO appelle l’Union européenne à organiser une réponse collective, notamment en matière de recherche, de vaccins et de subventions. « Il est trop tôt pour chiffrer l’impact de la maladie sur le secteur », observe Prinsen, « mais ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’un énième coup dur financier pour les éleveurs ».

Pour Erik van Norel, l’avenir est incertain. Sa ferme a su gérer cette crise, mais elle ne survivra pas à beaucoup d’autres de ces épisodes. « Ce sera la clé sous la porte », confie-t-il, résumant le sentiment de nombreux éleveurs européens face à cette menace invisible qui plane sur leurs troupeaux.

La fièvre catarrhale ovine, loin d’être une simple maladie animale, s’impose comme un défi majeur pour l’élevage européen. Au-delà des pertes directes, c’est tout un modèle économique qui est remis en question. Face à cette menace, la réponse ne peut être que collective. L’appel à une action coordonnée au niveau européen, tant en matière de recherche que de soutien financier, semble incontournable. L’avenir de nos campagnes et de notre souveraineté alimentaire en dépend.

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