Une découverte scientifique vient de remettre en question toutes nos certitudes sur le déclin des orques résidentes du Sud. Alors que les experts pensaient avoir identifié la cause de leur disparition progressive, une nouvelle étude révèle une réalité bien plus troublante : ces prédateurs marins meurent de faim alors même que leur proie favorite abonde dans leurs eaux. Un mystère qui ne fait que s’épaissir.
Résumé :
- La population d’orques résidentes du Sud est passée de 98 à seulement 73 individus
- Contrairement aux théories établies, ces orques ont accès à suffisamment de saumons
- Les scientifiques découvrent que ces cétacés peinent à capturer leurs proies
- Pendant ce temps, tous les autres mammifères marins de la région prospèrent
Il y a des mystères qui défient la logique, et celui des orques résidentes du Sud en fait partie. Comment expliquer qu’une population de prédateurs marins puisse dépérir alors même que leur garde-manger est bien garni ? C’est la question troublante que pose une nouvelle étude publiée dans PLOS ONE, remettant en cause des années de théories scientifiques sur le déclin de ces majestueuses créatures.
Un déclin mystérieux et inquiétant
L’histoire des orques résidentes du Sud est celle d’une lente agonie qui dure depuis plus d’un demi-siècle. Cette communauté unique, qui évolue le long des côtes du nord des États-Unis et du Canada, est la plus petite des quatre populations d’orques du Nord-Ouest Pacifique. Divisée en trois pods familiaux, elle est aussi la seule à être classée comme espèce menacée par l’United States Fish and Wildlife Service.
Les dernières naissances tragiques
L’année 2023 illustre dramatiquement leur situation critique. Avant septembre, un seul nouveau-né avait été observé, pour finalement succomber à la faim quelques mois plus tard, au printemps. Plus récemment, un autre petit a été aperçu mi-octobre, mais dans un état alarmant : squelettique et si faible qu’il devait être maintenu à la surface par les membres de sa famille. Son sort reste aujourd’hui incertain, symbolisant la précarité de cette population qui ne cesse de s’amenuiser.
La remise en question des théories établies
Une découverte bouleversante
« Cela nous a vraiment surpris », confie Andrew Trites, directeur de l’unité de recherche sur les mammifères marins de l’Université de la Colombie-Britannique. Avec son collègue Burak Saygili, ils ont mené une enquête approfondie auprès des pêcheurs sportifs et des équipes d’observation des baleines. Leur conclusion est sans appel : les orques résidentes du Sud nagent régulièrement au milieu des bancs de saumons, leur proie favorite.
Le paradoxe de l’abondance
Cette révélation bouscule toutes les théories précédentes qui attribuaient le déclin des orques à un manque de nourriture. « Vous examinez très attentivement vos données, car vous êtes sûr d’avoir commis des erreurs quelque part », poursuit Andrew Trites. Pourtant, les chiffres sont là : la nourriture est bien présente, mais quelque chose empêche ces prédateurs marins de s’en nourrir efficacement.
Les hypothèses alternatives
Le trafic maritime intense de la région pourrait être le véritable coupable. La mer des Salish, territoire de prédilection de ces orques, connaît une activité nautique bien plus importante que les zones où vivent leurs cousines du nord, qui elles, prospèrent. Le bruit des navires pourrait perturber leur communication et leur capacité à chasser efficacement. Une autre piste suggère que leurs difficultés pourraient survenir pendant l’hiver et le printemps, lorsqu’elles quittent la mer des Salish.
Un mystère environnemental unique
Un paradoxe écologique
Le plus troublant dans cette énigme est le contraste saisissant avec les autres espèces marines de la région. « Quand on étudie les mammifères marins de la mer des Salish, les seuls qui sont en difficulté sont les résidents du Sud », souligne Andrew Trites. Les eaux regorgent de phoques communs, d’otaries et de marsouins en pleine santé. Même les baleines à bosse et les rorquals communs, autrefois menacés par la chasse, ont fait un retour remarquable.
La quête de réponses continue
Cette situation paradoxale soulève une question cruciale : le problème vient-il de la mer des Salish elle-même ou ces orques portent-elles leurs difficultés avec elles ? Pour le moment, les scientifiques restent perplexes devant ce mystère qui ne cesse de s’épaissir. Pendant ce temps, chaque nouvelle naissance dans cette population fragile est scrutée avec anxiété, dans l’espoir qu’elle ne vienne pas grossir la liste des pertes tragiques qui rythment leur déclin inexorable.